INRA : Bressonvilliers doit rester une ferme!, 26 octobre 2018

L’entrée du site de l’INRA : l’ancienne ferme de Bressonvilliers avec sa cours pavée

L’entrée du site de l’INRA : l’ancienne ferme de Bressonvilliers avec sa cours pavée

On frôle la pénurie dans l’alimentation Bio, les consommateurs en redemandent, la croissance est explosive. La région IDF est à la traine en matière d’agriculture bio. Aussi, le Pacte Agricole Régional (doté de 150 Millions d’euros) affiche l’ambition de parvenir à 25% de surfaces agricoles en bio d’ici 2030 contre 2% en 2015.

Rappelons le contexte  actuel de l’agriculture biologique :

Selon les projections économiques récentes le secteur de l’agriculture et de la distribution biologique  connaissent une croissance  très forte depuis plusieurs années et qui doit se poursuivre. En 2016, la valeur des achats de produits « BIO » a été estimée à 7,147 milliards d’euros, en croissance de 20%.

En 2016, l’activité biologique, employait  près de 118 000 salariés, avec une croissance moyenne de 8,4% par an depuis 4 ans. Elle  crée donc plus d’emplois que l’agriculture conventionnelle, omniprésente en Essonne.

  • selon une étude réalisée pour le Conseil Régional d’Ile-de-France, 82% des Franciliens se disent prêts à payer un peu plus cher pour privilégier la qualité et avoir une garantie sur la provenance des produits qu’ils consomment.
  • 91% de la nourriture consommée en Île-de-France est importée. Les Franciliens ont des besoins réels en agriculture Bio de proximité. Lors des dernières intempéries chacun a pu constater qu’en trois jours, il n’y avait plus de produits frais dans les magasins et qu’il aura fallu plus d’une semaine pour  revenir à la normale. Il est souhaitable de restaurer les circuits courts de distribution pour des produits alimentaires de qualité.

Les enjeux conjoints d’une agriculture biologique et de proximité en île de France répondent à des attentes de la société et s’inscrivent dans les engagements nationaux en faveur de l’économie circulaire et de la lutte contre le changement climatique.

Cependant convertir une exploitation à l’agriculture biologique se heurte aussi à des obstacles pratiques. Durant les  trois premières années,  les surfaces converties n’ont pas encore la certification, l’exploitant supporte les coûts sans recevoir les revenus en contrepartie.

Un autre obstacle puissant est le vieillissement de la population agricole : en 2013, 80% des exploitants franciliens avaient plus de 40ans. Nombreux sont ceux qui partiront à la retraite dans les 20 prochaines années, une situation qui n’encourage pas à prendre de risques. Et pour ceux qui leur succéderont, sans soutien publicil sera très difficile  de supporter la charge écrasante de la reprise d’exploitation et les 3 années de conversion au bio.

La profession agricole doit être accompagnée. C’est pourquoi les instances publiques locales doivent mobiliser leurs ressources pour répondre à ce double défi qui constitue un enjeu de territoire : changement générationnel et changement de mode de production agricole.

A plus forte raison, il serait incompréhensible qu’elles passent à côté d’une opportunité comme celle qu’offre la cessation d’activité de L’INRA sur la ferme de Bressonvilliers en Essonne,  dans le cadre de sa réorganisation régionale.

Depuis la cessation d’activité, les « étables » sont désertées

Depuis la cessation d’activité, les « étables » sont désertées

L’INRA renonce  au physiopôle (recherches transgéniques sur le bétail) libère ainsi 250 ha de terres agricoles qui, si elles n’étaient pas cultivées sous le label agriculture biologique, utilisaient cependant moins d’intrants phytosanitaires que l’agriculture traditionnelle, pour des raisons liées aux protocoles expérimentaux.

Ce renoncement de l’INRA ne doit pas conduire à une urbanisation supplémentaire et doit au contraire offrir l’opportunité exceptionnelle d’accueillir de nouvelles exploitations d’agriculture biologique,d’autant qu’à proximité, le pôle agrobiologique,  piloté par Fermes d’avenir sur 53 hectares laisse augurer des synergies.

250 hectares constituent une surface suffisante pour une utilisation économiquement viable.

ENE demande aux deux agglomérations et aux communes concernées (qui devraient logiquement recevoir en gestion ces emprises) de  conserver en totalité, la vocation exclusivement agricole de ces terrains et de travailler en concertation avec  les acteurs de la profession pour bâtir un projet d’agriculture biologique ambitieux, cohérent, structurant pour le Cœur D’Essonne et pour le Val d’Essonne et s’insérant dans une perspective d’économie circulaire.

Les ressources du Pacte Agricole Régional doivent être mobilisées.

Les 270 ha disponibles aujourd’hui présentent des avantages évidents, notamment :

  • Il s’agit d’un territoire homogène de terrains contigus, suffisamment vaste.
  • On dispose déjà de bâtiments importants à vocation agricoles
  • Les collectivités ont la maitrise du foncier, ce qui peut faciliter l’installation de nouveaux exploitants qui ne disposerait pas d’un apport initial en capital
  • L’existence du projet Fermes d’avenir peut permettre des synergies de moyens ou de savoir-faire (même si le modèle économique est différent)
  • Le cycle de passage à l’agriculture biologique (3 ans) peut être géré en douceur en lien avec les collectivités.

Nous souhaitons rencontrer  les collectivités locales concernées par la fin d’activité de l’INRA à Bressonvilliers.

Alors passer au bio au royaume des grands céréaliers, c’est possible ?

Oui nous le pouvons et nous le devons !

Dominique Deboise

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