La forêt de demain se gère aujourd’hui. Compte rendu de la conférence forestière du 21 juin 2014

1. Généralités : quelques chiffres pour préciser l’image de la forêt française aujourd’hui

La forêt couvre 27 % du territoire français. Elle est en augmentation constante. Les trois quarts appartiennent à des propriétaires privés, soit 71 % pour l’Ile-de-France (voir la carte ci-dessous). Il faut savoir que 27 % de cette forêt privée ne peut pas être gérée durablement car les parcelles sont trop petites et traitées fréquemment en coupe rase pour former du bois de chauffage. Par contre à partir d’une superficie de 25 ha, il est établi un plan de gestion, soit par le propriétaire, soit par un expert forestier conseiller de la chambre d’agriculture ou conseiller du centre régional de la propriété forestière (CRPF). C’est ce dernier organisme qui étudie les plans de gestion. Il donne son agrément et contrôle les réalisations. Un plan de gestion prévoit les différents travaux à effectuer dans les années à venir, sur cinq ans, dix ans, etc. Il doit assurer la pérennité de la forêt. Les 29 % de propriété publique en Ile-de-France sont constitués par des forêts domaniales gérées par l’Office national des forêts (ONF), par des forêts départementales gérées par les conseils généraux dans le cadre des espaces naturels sensibles (ENS), par des forêts de l’Agence des espaces verts (AEV) gérées par cet organisme (par exemple la forêt de Cheptainville), etc.

Espace de la forêt privée par rapport à la forêt publique. Inventaire forestier national, janvier 1999.

Espace de la forêt privée par rapport à la forêt publique. © Inventaire forestier national, janvier 1999.

2. Gérer une forêt durablement aujourd’hui

C’est faire coexister de façon équilibrée les trois rôles essentiels de la forêt : le rôle social, le rôle de développement de la biodiversité et, enfin, le rôle économique.

Pourquoi ? La gestion doit tenir compte des aléas climatiques : périodes de sécheresse et de vents violents de plus en plus fréquentes.

Comment ?

  • En favorisant la biodiversité.

Historiquement, l’établissement de futaies régulières était la norme (une futaie régulière est composée d’arbres du même âge et de même essence). Ce mode de gestion est abandonné chaque fois que la nature du terrain le permet au profit de la biodiversité d’une futaie irrégulière. Celle-ci permet la pérennité de la forêt face aux risques climatiques et biotiques (maladie, etc.). En effet, une essence « en souffrance » côtoie une essence qui résiste.

  • En favorisant une gestion qui doit être dynamique.

Avec des travaux appropriés, des arbres de qualité deviendront du bois d’œuvre (planches pour meuble, poutres, marqueterie, etc.). La promenade du samedi 21 juin 2014, à travers les bois du Val-Saint-Germain, a pu montrer, à petite échelle, que la forêt menée avec « une gestion durable dynamique » est assurée de pérennité. Elle représente un puits à carbone important (1 m³ de bois séquestre 1 t de gaz carbonique, gaz à effet de serre). De plus, le bois d’œuvre peut poursuivre son rôle de piège à carbone durant de longues années dans nos constructions, parfois durant des siècles, etc.

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La forêt du Val-Saint-Germain. © Jean-Pierre MOULIN, ENE.

3. Petite biographie de Danielle ALBERT

On dit de moi que la forêt et sa gestion sont devenus ma passion ! Cela s’explique peut-être par le fait que j’ai été élevée dans une petite ferme familiale du Val-Saint-Germain, entourée de bois qui, très tôt, ont exercé sur moi une sorte d’attraction. Je suis devenue professeur de sciences de la vie et de la terre (SVT), autrefois appelées sciences naturelles.

Dans les années 1990, il est devenu impératif pour moi de commencer une formation de gestion forestière. Ce que j’ai réalisé avec, pour professeur, le conseiller de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France, les ingénieurs et les techniciens du CRPF d’Ile-de-France – Centre. Lorsque la tempête de 1999 est survenue, il est devenu urgent pour moi d’intervenir et d’essayer de réparer les dégâts très importants sur certaines parcelles boisées.

En 2003, avec l’aide du conseil général de l’Essonne, dans le cadre des ENS, est établie une convention « Organisation de la circulation du public en forêt privée » sur un secteur très fréquenté par les adeptes de sports de nature et qui avait été ravagé par la tempête. Cette même année, des plantations sont réalisées dans le cadre d’une gestion durable adaptée au sol et aux aléas climatiques des essences d’arbres (noyers à bois, fruitiers, précieux peupliers).

Depuis 2013, avec les associations Qualité de vie du pays de Limours et du Hurepoix et Centre d’initiative et de valorisation de l’agriculture et du milieu rural (CIVAM) du Hurepoix, nous mettons en place une filière courte bois énergie dans le but de « booster » une gestion durable des forêts du Hurepoix. En effet, une sélection est exercée au profit d’arbres « d’avenir », particulièrement bien adaptés au sol et aux aléas climatiques. Les arbres non sélectionnés sont abattus et, suivant leur essence et leur qualité, ils deviennent du bois d’œuvre d’industrie ou d’énergie, etc.

© Danielle ALBERT, administratrice d’ENE, juillet 2014.